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Déperditions thermiques : explications et solutions
publié le 14.05.25Par temps froid, la chaleur s’échappe souvent sans qu’on s’en rende compte : jusqu’à 30 % par le toit, 25 % par les murs, 10 % par les fenêtres.
Ces pertes invisibles ont un nom : les déperditions thermiques. Comprendre leur origine est la première étape pour mieux isoler son logement, gagner en confort… et alléger sa facture.

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Qu’est-ce qu’une déperdition thermique ?
Dans une maison, la chaleur suit un principe physique immuable : elle se déplace toujours du chaud vers le froid. Sans protection adéquate, la chaleur intérieure s'échappe vers l'extérieur en hiver, créant ce qu'on appelle une déperdition thermique.
Cette chaleur se propage selon trois mécanismes principaux :
- Par conduction à travers les matériaux solides (murs, planchers, vitrages),
- Par convection avec les mouvements d'air (infiltrations, ventilation),
- Par rayonnement entre surfaces de températures différentes, sans contact direct.
Ces phénomènes engendrent deux types de pertes dans le logement :
- Les pertes conductives via les parois, vitrages et ponts thermiques,
- Les pertes aérauliques dues aux infiltrations d'air et à la ventilation.
Pour limiter ces déperditions, une approche globale est nécessaire : isolation performante, ventilation maîtrisée et chauffage adapté doivent être pensés ensemble pour garantir confort et économies d'énergie.
Zoom – Comment vos équipements diffusent la chaleur
Chaque système de chauffage utilise un ou plusieurs modes de diffusion :
- Conduction : radiateurs à inertie et planchers chauffants
→ chaleur stable et douce, - Convection : pompes à chaleur air-air, sèche-serviettes soufflants
→ chauffe rapide de l’air, - Rayonnement : radiateurs rayonnants comme l’
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→ confort direct et homogène.
L’essentiel, ce n’est pas de tout regrouper dans un seul appareil, mais de choisir les bons émetteurs au bon endroit, en cohérence avec le logement et les usages.

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Les principales sources de déperditions thermiques
Par les toitures et les combles
La toiture est le premier poste de perte thermique dans une maison : jusqu’à 30 % de la chaleur peut s’en échapper. Son isolation est donc une priorité, en neuf comme en rénovation.
Pour des combles perdus, on privilégie l’isolation par soufflage : des flocons (ouate de cellulose ou laine de roche) sont projetés sur le plancher pour créer une couche homogène, continue et sans pont thermique. La ouate, plus dense, assure un meilleur confort d’été grâce à un temps de déphasage plus long.
Dans des combles aménagés ou aménageables, on optera plutôt pour une isolation sous rampants, entre et sous les chevrons. Les panneaux de fibre de bois, à forte densité, offrent de bonnes performances thermiques hiver comme été.
Le choix dépend du type de charpente, du projet d’aménagement et du niveau de confort estival recherché, un enjeu croissant avec la multiplication des vagues de chaleur..
Zoom – Le déphasage thermique, c’est quoi ?
Le déphasage thermique désigne le temps que met la chaleur à traverser un matériau.
Plus il est long, plus le logement reste frais en été.
Un isolant dense comme la fibre de bois peut retenir la chaleur jusqu’à 12 heures, contre 3 à 4 heures pour une laine plus légère comme la laine de verre.
Par les murs
Les murs représentent le deuxième poste de perte thermique dans un logement, avec jusqu’à 25 % des déperditions en l’absence d’isolation adaptée. Ce phénomène est particulièrement marqué dans les bâtiments construits avant les premières réglementations thermiques.
En rénovation, l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) est souvent privilégiée. Elle enveloppe l’ensemble du bâti, supprime les ponts thermiques aux jonctions (planchers, refends, menuiseries…) et protège les murs des variations de température. Elle est particulièrement adaptée aux rénovations lourdes ou aux ravalements de façade.
L’isolation par l’intérieur (ITI) est plus accessible sur le plan financier et reste une solution intéressante dans certains cas. Elle implique toutefois des travaux à l’intérieur du logement et doit être mise en œuvre avec soin pour éviter les ponts thermiques résiduels. La continuité de l’isolant et le traitement précis des interfaces (plinthes, coffres, angles…) sont essentiels pour assurer une bonne performance.
Zoom – Et dans une maison ancienne ?
Dans les maisons construites avant 1948, les murs épais en pierre, brique ou pisé sont perspirants : ils laissent circuler la vapeur d’eau.
Pour éviter les désordres (humidité, moisissures, dégradations), il faut éviter l’ITE et les enduits au ciment, qui bloquent cette respiration naturelle.
On privilégiera une isolation par l’intérieur adaptée, une ventilation performante, et des matériaux compatibles avec le fonctionnement hygrothermique du bâti.

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Par les fenêtres et ouvertures
Des menuiseries peu performantes — simple vitrage, châssis anciens, mauvaise étanchéité — peuvent représenter jusqu’à 15 % des pertes de chaleur. Elles sont aussi responsables d’un inconfort immédiat : sensation de courant d’air, parois froides, condensation sur les vitrages…
Le remplacement par des fenêtres à double ou triple vitrage est une solution efficace pour améliorer l’isolation thermique et acoustique. Le triple vitrage est particulièrement intéressant dans les zones froides ou très exposées au vent. En revanche, dans les régions fortement ensoleillées, il convient de bien étudier l’orientation, le facteur solaire du vitrage et la présence de protections solaires pour éviter les risques de surchauffe et de perte de luminosité.
Mais attention : changer la fenêtre ne suffit pas. La qualité de la pose est essentielle. Le traitement des dormants (dépose totale ou pose en rénovation), les joints d’étanchéité, la technique de pose (en applique, en tunnel, en feuillure) et surtout les coffres de volets roulants, souvent sources de fuites d’air, sont tout aussi importants pour éviter les ponts thermiques et garantir une bonne performance globale.
Par les planchers bas et les sous-sols
Souvent négligée, l’isolation du sol permet pourtant de limiter jusqu’à 10 % des pertes de chaleur. Cela concerne surtout les planchers donnant sur des caves, des garages ou des vides sanitaires non chauffés.
La solution la plus simple consiste à isoler le plancher par le dessous (en sous-face). Des panneaux rigides ou semi-rigides sont alors fixés contre la dalle, côté local non chauffé. En cas de rénovation globale, il est aussi possible de poser une chape isolante par le dessus, mais cela implique de rehausser le sol intérieur.
Au-delà de la performance thermique, l’isolation du sol améliore aussi le ressenti au pied et limite l’effet paroi froide, notamment sur carrelage ou dalle brute.
Par les ponts thermiques
Les ponts thermiques sont des failles dans la continuité de l’isolation. On les retrouve aux jonctions entre les murs et les planchers, autour des menuiseries, dans les angles de murs, ou à la liaison entre l’ancien et le neuf.
Ils sont invisibles… mais bien réels. Et ils peuvent représenter jusqu’à 10 % des pertes de chaleur. Plus localisées, ces déperditions sont aussi les plus sournoises : elles créent des zones froides, favorisent la condensation, et peuvent entraîner l’apparition de moisissures.
Leur traitement repose sur deux leviers : une conception soignée (pose continue de l’isolant, rupteurs de ponts thermiques) et une réalisation rigoureuse, notamment aux interfaces sensibles. En rénovation, c’est un point de vigilance majeur pour éviter d’affaiblir les performances globales.
Par les fuites d’air et la ventilation
Même avec une bonne isolation, un logement peut rester perméable à l’air. L’air chaud s’échappe, l’air froid s’infiltre… et le confort diminue.
Les principales sources de fuite se situent aux jonctions menuiseries/murs, dans les coffres de volets roulants, les gaines techniques, ou autour des prises et trappes. Souvent invisibles, ces infiltrations peuvent représenter jusqu’à 25 % des pertes de chaleur.
Le traitement repose sur un test d’infiltrométrie, suivi de calfeutrages adaptés : bandes d’étanchéité précomprimées, membranes pare-air, ou enduits spécifiques. Attention, les mousses expansives classiques sont à proscrire : elles ne garantissent ni souplesse, ni durabilité.
Mais l’étanchéité ne va jamais sans ventilation maîtrisée. Une VMC hygroréglable ou double flux renouvelle l’air sans gaspiller la chaleur, tout en maintenant une bonne qualité d’air intérieur.

Principales sources de déperditions thermiques
Comment identifier les déperditions thermiques ?
Avant d’isoler ou de remplacer ses fenêtres, encore faut-il savoir d’où vient la chaleur qui s’échappe.
Le DPE (Diagnostic de Performance Énergétique) est une première étape obligatoire dans la vente ou la location. Il donne un aperçu global de la performance thermique du logement, en évaluant ses consommations, son impact carbone, son niveau d’isolation et son système de chauffage.
Mais pour aller plus loin, il existe des outils de diagnostic plus précis :
- La thermographie infrarouge, réalisée en hiver, permet de visualiser les zones de fuite thermique sur les façades, les vitrages ou les toitures. Les clichés obtenus révèlent les ponts thermiques, les isolants défaillants et les fuites d’air invisibles à l’œil nu.
- Un test d’infiltrométrie peut compléter ce diagnostic. Ce test, aussi appelé "test de la porte soufflante", consiste à placer un ventilateur puissant dans une porte ou une fenêtre du logement. En créant une différence de pression entre l'intérieur et l'extérieur, il permet de mesurer précisément le débit de fuite d'air de l'enveloppe. Pendant le test, des détecteurs de fumée ou des caméras thermiques aident à localiser exactement les infiltrations d'air. Les résultats sont exprimés en m³/h.m² et comparés aux exigences des labels comme BBC Rénovation (Q4 ≤ 0,8 m³/h.m²).
Dans le cadre d’une rénovation performante, un audit énergétique est recommandé. Il permet de prioriser les travaux, de dimensionner les solutions et de bâtir des scénarios cohérents, en anticipant l’impact sur le confort et la facture énergétique. Enfin, c’est un passage obligé pour bénéficier des aides dans le cadre du dispositif MaPrimeRénov'*.
*Le dépôt des nouveaux dossiers MaPrimeRénov’ pour la Rénovation Globale est suspendu à partir du 1er juillet jusqu’à nouvel ordre.

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Synthèse : une approche globale des déperditions thermiques
Une fois les déperditions identifiées, on veillera à les traiter efficacement. Chaque type de perte demande une réponse technique spécifique : on ne corrige pas un pont thermique comme on isole une toiture ou qu’on améliore une ventilation.
Le tableau ci-dessous récapitule les principales sources de pertes thermiques, leurs causes fréquentes, et les solutions adaptées pour y remédier.
Sources de déperdition thermique et solutions associées
Poste de déperdition | Cause principale | Solution recommandée |
Toiture / combles | Isolation absente ou vétuste | Soufflage (combles perdus), isolation sous rampants (combles aménagés) |
Murs | Parois mal isolées, discontinuité de l’isolant | Isolation par l’extérieur (ITE) ou par l’intérieur (ITI), traitement des jonctions |
Fenêtres et ouvertures | Vitrages simples, menuiseries non étanches | Pose de double ou triple vitrage, joints performants, traitement des coffres |
Planchers bas | Sols au contact d’espaces non chauffés | Isolation par le dessous (sous-face) ou par le dessus (chape isolante) |
Ponts thermiques | Rupture d’isolation à la jonction des parois | Isolation continue, rupteurs, traitement des angles et encadrements |
Fuites d’air | Étanchéité défaillante, défauts de pose ou d’entretien | Calfeutrage, membranes, test d’infiltrométrie, traitement des interfaces |
Ventilation mal adaptée | Entrées d’air non maîtrisées, VMC inadaptée ou absente | VMC hygroréglable ou double flux, avec équilibrage et entretien régulier |
En résumé
Agir sur les déperditions thermiques, c’est avant tout reprendre la main sur le confort et la facture énergétique de son logement.
Mieux isoler, mieux ventiler, mieux chauffer… ce sont des gestes qui font la différence, à condition d’être bien accompagnés.
Pour aller plus loin, vous pouvez contacter un espace conseil France Rénov’. Ces structures vous informent gratuitement sur les aides disponibles, les étapes clés d’une rénovation performante, et peuvent vous orienter vers des professionnels qualifiés près de chez vous.
Sources
ADEME, Comment isoler sa maison ?, 2026
ADEME, Guide bien ventiler son logement, 2023
Isover, La thermique du bâtiment, 2007
AQC, Rénovation thermique performante par étapes, 2015
ADEME, Travaux par étape : points de vigilance, 2020
ADEME, Passer l’hiver tout confort, 2025