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Ponts thermiques : définition et principe de transmission de la chaleur
publié le 06.05.25L'amélioration de l'isolation thermique est souvent présentée comme la clé d'un logement confortable et économe. Pourtant, même dans une maison bien isolée, un phénomène insidieux peut continuer à saboter vos efforts : les ponts thermiques.
Invisibles, mais redoutablement efficaces pour laisser s'échapper la chaleur, ils nuisent au confort intérieur et gonflent inutilement les factures d'énergie.
Comprendre ce que sont les ponts thermiques, savoir où ils se cachent, et surtout, comment y remédier, est essentiel pour viser une rénovation énergétique réellement performante.

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Qu’est-ce qu’un pont thermique ?
Un pont thermique est une zone localisée de l'enveloppe d'un bâtiment où l'isolation est interrompue ou moins efficace. Résultat : à cet endroit précis, la chaleur s'échappe beaucoup plus vite vers l'extérieur, même si les parois voisines sont correctement isolées.
Ce phénomène physique est dû à une différence de résistance thermique entre les matériaux en présence. Le flux de chaleur suit naturellement le chemin le plus facile, c'est-à-dire le point faible de l’isolation.
On distingue généralement deux grandes familles de ponts thermiques :
- Les ponts thermiques linéiques, qui se développent sur une longueur, par exemple à la jonction entre un mur extérieur et un plancher intermédiaire.
- Les ponts thermiques ponctuels, qui concernent des zones localisées, comme l'ancrage d'une poutre métallique dans une façade.
Certaines parties du bâtiment sont particulièrement vulnérables : les liaisons mur/plancher, les balcons en porte-à-faux, les appuis de fenêtres, ou encore les angles rentrants des murs. Ces zones sont souvent mises en évidence lors d'une étude thermique préalable à un projet de rénovation ou de construction.
Si l'on entre dans un niveau d'analyse plus avancé, on peut également distinguer une troisième catégorie : les ponts thermiques dits "intégrés".
Ceux-ci sont directement liés aux éléments de structure traversant une paroi isolée, comme les chevrons d'une toiture ou les montants d'une ossature métallique. Ils nécessitent des traitements spécifiques pour ne pas compromettre la performance thermique globale.
Principaux ponts thermiques rencontrés dans l’enveloppe du bâtiment :
- Toiture – Mur extérieur
- Refend – Mur extérieur
- Plancher intermédiaire – Balcon
- Plancher bas – Mur extérieur
Les sphères rouges signalent les jonctions critiques où se forment les ponts thermiques.

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Les causes des ponts thermiques
Les ponts thermiques peuvent avoir plusieurs origines, souvent cumulatives.
Premièrement, ils peuvent résulter d'une conception initiale inadaptée. Dans les constructions datant d’avant les premières réglementations thermiques (années 1970), l'isolation n'était pas systématiquement intégrée, ce qui laissait apparaître de nombreux points faibles, notamment dans les liaisons entre murs et planchers. Aujourd'hui encore, un défaut de coordination entre les différents corps de métier pendant la construction peut créer des discontinuités thermiques.
Deuxièmement, une autre cause fréquente est l'absence ou l'insuffisance d’isolation à certains endroits critiques, comme les nez de dalle, les refends intérieurs ou les encadrements de fenêtres.
Enfin, la présence de matériaux très conducteurs comme l'acier ou le béton armé peut générer mécaniquement des ponts thermiques si elle n'est pas compensée par une isolation adaptée. C'est notamment le cas des balcons en béton qui traversent l’enveloppe du bâtiment.
Les conséquences des ponts thermiques
Sous-estimer l'impact d'un pont thermique peut coûter cher, autant sur le plan énergétique que sur le plan du confort.
Tout d'abord, un pont thermique entraîne des pertes de chaleur significatives. Selon l'ADEME, ce phénomène peut représenter jusqu'à 30 % des déperditions totales d’un logement mal conçu. En hiver, cela se traduit directement par un besoin de chauffage accru et donc par une facture énergétique plus lourde.
L'inconfort est aussi une conséquence directe : un pont thermique crée un effet de paroi froide désagréable. Concrètement, même si l'air ambiant est à 20 °C, la proximité d'un mur à 15 °C génère une sensation de froid ressentie autour de 17 °C. Le confort thermique devient alors difficile à atteindre, même avec un chauffage puissant.
À long terme, les ponts thermiques peuvent favoriser la condensation et l’apparition de moisissures sur les zones froides. Ces désordres peuvent dégrader durablement le bâti, nuire à la qualité de l'air intérieur et par là-même, à la santé des occupants.
Enfin, un pont thermique non traité pénalise fortement la performance énergétique affichée sur le DPE (Diagnostic de Performance Énergétique), un critère désormais déterminant pour la valorisation immobilière d’un bien. Selon les Notaires de France, un logement classé F ou G peut subir une décote de 17 % à 20 % sur son prix de vente. Traiter les ponts thermiques contribue ainsi non seulement à améliorer le confort, mais aussi à préserver la valeur de votre patrimoine.
Consultez notre article pour découvrir comment améliorer votre DPE.

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Comment éliminer les ponts thermiques ?
Que ce soit en construction neuve ou en rénovation, plusieurs solutions permettent de limiter, voire de supprimer, l'impact des ponts thermiques. Le choix de la méthode dépend du type de projet, des contraintes techniques et des objectifs de performance thermique.
Solutions pour la construction neuve
En construction neuve, la solution la plus efficace consiste à concevoir une enveloppe continue, sans rupture d'isolation.
L’isolation thermique par l’extérieur (ITE) est privilégiée : elle permet de traiter simultanément la majorité des ponts thermiques linéiques, en assurant la continuité de la résistance thermique.
Pour certains cas spécifiques, comme les balcons ou les nez de dalle, l’intégration de rupteurs de ponts thermiques est indispensable. Ces dispositifs limitent les déperditions sans altérer la solidité de la structure.
Enfin, une conception bioclimatique réfléchie dès l’esquisse du projet — en soignant notamment les jonctions plancher/mur et toiture/mur — permet d'éviter la création de ponts thermiques, plutôt que de devoir les corriger en cours de chantier.
Solutions pour la rénovation
En rénovation, le traitement des ponts thermiques doit souvent composer avec des contraintes existantes.
Lorsqu’une isolation par l’extérieur est envisageable, elle constitue la solution la plus performante pour réduire les ponts thermiques de manière globale. Si l’ITE est impossible (façades protégées, mitoyennetés, règles d’urbanisme), une isolation thermique par l’intérieur (ITI) peut être mise en œuvre. Elle doit alors intégrer le traitement des jonctions sensibles : murs de refend, nez de dalle, tableaux de fenêtres, et appuis.
Lorsque ni ITE ni ITI complète ne sont réalisables, il est possible d'intervenir localement sur les points critiques, à l’aide de doublages isolants adaptés.
En cas de remplacement de fenêtres, il est essentiel de prévoir une isolation des tableaux et des appuis, et d'assurer la continuité de l'étanchéité à l'air au niveau des interfaces. Sans changement de menuiseries, des solutions d’étanchéité spécifiques (membranes, enduits liquides) peuvent être utilisées pour limiter les infiltrations et les déperditions.
Découvrez aussi nos conseils pratiques pour limiter l'effet de paroi froide, un symptôme courant lié aux ponts thermiques non traités.

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Réglementation et aides financières
La réglementation thermique française a continuellement renforcé les exigences en matière de traitement des ponts thermiques. La Réglementation Thermique (RT) 2012 imposait déjà des seuils de transmission thermique maximaux pour limiter leur impact. Avec la Réglementation Environnementale (RE) 2020, la prise en compte des ponts thermiques est encore plus poussée, avec l'objectif de diminuer non seulement les consommations énergétiques, mais aussi l'empreinte carbone du bâtiment.
Pour financer les travaux de traitement des ponts thermiques, plusieurs dispositifs d'aides existent :
- MaPrimeRénov', accessible à tous les ménages pour les travaux d’isolation,
- Certificats d’Économies d’Énergie (CEE), obtenus auprès de fournisseurs d’énergie,
- TVA à taux réduit (5,5 %),
- Éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ).
Un audit énergétique préalable est recommandé pour cibler les interventions les plus efficaces et optimiser l'accès aux meilleures aides financières.
Lors d’un audit énergétique, une caméra thermique peut être utilisée pour visualiser les déperditions de chaleur et identifier précisément les ponts thermiques à traiter. Cet outil permet de planifier les travaux de manière plus ciblée et efficace.
Pour en savoir plus sur la réalisation d'un audit énergétique, consultez notre article.
Pour aller plus loin, voici les principales ressources ayant servi de base à cet article :
ADEME, Comment isoler sa maison ? (2026)
AQC, Rénovation thermique performante par étapes (2015)
Isover, Guide “La thermique du bâtiment” (2007)
ADEME, Travaux par étapes : points de vigilance (2020)
ADEME, Bien ventiler son logement (2023)
ADEME, Effet paroi froide (extrait de documents sur le confort thermique)